Aujourd'hui 5 février, cela fait plus de trois mois et demi que nous avons demandé le renouvellement du titre de séjour du Sultan ( constituant le dossier, comme chaque année, le 15 octobre pour un titre qui arrivait à expiration le 15 décembre).
Depuis le Sultan se balade avec un récépissé de sa demande , lui même obtenu aux forceps fin décembre (qui ne permet pas, comme le titre de séjour, de voyager librement dans l'espace Schengen ; c'est pratique pour les déplacements professionnels).
Pour la troisième fois , nous avons sollicité de la haute bienveillance du Préfet de Haute Savoie un titre de dix ans et non plus de un an ; cela ne nous semblait pas une demande extravagante après cinq ans de résidence régulière, quatre ans de PACS, deux de mariage (et de ma part une mutation professionnelle à 800 km de chez moi pour suivre mon conjoint, tellement typique des mariages blancs).
Entre temps les règles se sont durcies puisque quasiment chaque année, de nouvelles lois Sarkozy ont été votées (le nain démago était alors ministre de l'Intérieur).
Jusqu'ici nous n'avons pas obtenu gain de cause, sans explication aucune (dans mon Administration, on doit répondre sous 48 heures et justifier notre rejet éventuel, ce n'est apparemment pas le cas pour les services préfectoraux) .
Par contre le Sultan a le droit de payer des impôts (et pas qu'un peu) ; pour ça aucun problème ...
Il s'étonne qu'on ne lui demande jamais son diplôme pour la constitution de son dossier.
C'est très typique de l'attitude française selon laquelle l'Immigration est avant tout un Problème, comme dans "le Problème de l'Immigration" (ici au mieux on fait la charité aux étrangers en tolérant leur présence) ; c'est oublier un peu vite, par exemple, les colonisés qui ont servi de chair à canon pour la France , c'est oublier un peu vite qu'après la seconde guerre mondiale, la France s'est reconstruite en grande partie grâce aux immigrés, c'est oublier un peu vite entre autres que ces immigrés soit disant problématiques font aussi marcher l'économie, et que ce sera encore plus le cas dans l'Europe vieillissante de demain ( cf. le seul exemple du milieu médical )
Mais le gouvernement actuel préfère flatter l'aile droite de son électorat (et trouve plus urgent d'évoquer les nombreux effets positifs de la colonisation , ou de créer un ministère de l'immigration ,de l'intégration et de l'identité nationale) ; Sarkozy a déclaré lors des débats télévisés qui ont précédé son élection "moi les immigrés, tant qu'ils n'égorgent pas le mouton sur leur balcon, ils ne me posent pas problème" ...no comment(du même tonneau que le si subtil "la France on l'aime ou on la quitte")
Du coup le Sultan ne se sent pas vraiment bienvenu en France ; il voit bien qu'être étranger-turc c'est quand même moins sympa qu'être étranger-belge par exemple et que ça le rend par nature plus objet de suspicion ; sauf pour payer des impôts, on l'a déjà dit, où là tout le monde est égal (et je ne parle même pas des démarches pour faire venir sa mère de 60 ans à notre mariage ; c'est bien connu les femmes au foyer de 60 ans viennent pour voler le pain de la bouche des bons français).
Quelle surprise que ses amis de fac aient plutôt choisi les Etats Unis, ou même certains pays d'Europe où ils ont obtenu un titre longue durée sans problème puisqu'ils travaillaient !!
Cette politique est elle au bénéfice de la France ? ( faut il s'étonner que les chercheurs, diplômés étrangers ne la choisissent pas ?) .
Mais nous préférons continuer à nous flatter de notre soit disant supériorité, en particulier en matière de Droits de l'Homme (pour beaucoup de gens de gauche aussi, il est apparemment impossible de reconnaitre que certains aspects des politiques américaines et anglaises d'"intégration" sont meilleures que les notres ).
A mon sens la politique actuelle est une erreur ET en matière de Droits de l'Homme ET en matière de dynamisme économique.
Mais patience et longueur de temps, le Sultan, va sûrement finir par obtenir son titre de séjour d'un an (et recommencera les moult démarches pour le renouveler à peine quelques mois plus tard ).
Et à vrai dire notre situation n'est pas dramatique, comme celle de certains
amoureux au ban public. C'est juste très très chiant.
Je vous laisse, on va égorger le mouton sur le balcon.