samedi 24 octobre 2009

14 octobre 2009

Afin de préserver le public non averti (les nullipares ou ceux qui n'ont pas fait le Vietnam) et contribuer à la survie de la race, j'ai mis les détails les plus crus/techniques en notes de bas de page.

Mercredi 14 octobre (39 sa +3) : je me lève à 7 heures, plus de grasse mat’ depuis un certain temps en cette fin de grossesse.

matinée : je sens bien qu'il se passe quelque chose. Mais il se passe tellement de choses zarb là dedans depuis neuf mois que je ne m'affole pas plus que ça ; néanmoins, comme je suis une femme Barbara Gould, je me maquille avec soin et choisis avec attention ma tenue.
Je prends un bain, gobe quelques spasfon, lance une lessive et charge le lave vaisselle (la femme Barbara Gourde est également une fée du logis).

A 12h30 je me décide à noter l’heure des contractions (j'ai décidé entre temps que ça devait bien être des contractions) qui reviennent avec une certaine régularité (toutes les 8-10 minutes environ ) ; entre deux contractions, je peux tout à fait mener une activité normale (manger, poser des questions existentielles sur le forum auféminin , consulter les ouvrages de référence chapitre « quand partir à la maternité ?» , répondre à mes mails).
Comme je n'ai pas envie de me pointer à la maternité pour rien ou trop tôt, je diffère le moment d'appeler le Sultan. Inutile de le déranger pour rien dans son dur labeur (la femme Barbara Gourde, en épouse exemplaire, se soucie de la bonne marche de la World Company).
J’aimerais dire que c’est parce que je suis trop une héroïne de l’accouchement, mais à vrai dire je n’ai pas vraiment mal.

A 15h30 je téléphone quand même au Sultan ; il est en réunion et je lui dis de façon magnanime qu’il peut finir sa réunion, que ce n’est pas urgent ; il n’en fait rien et part immédiatement.

A 17h nous arrivons à la maternité : là pendant les contractions, je dois quand même m’appuyer aux murs et expirer comme la sage femme adepte de franc parler me l'a appris ; on me fait envoyer un fauteuil roulant (que je décline, je préfère rester debout).
Cela reste supportable.
On nous annonce que les sages femmes sont overbookées et qu'il va falloir attendre pour qu’on m’examine ; je commence quand même à signaler que mes examens péridurale ne sont plus valables( ils datent du 3 septembre) et que j’aimerais qu’on les refasse.
On attend une bonne demi heure sans que personne ne s’intéresse à mon cas.
Même si je suis trop une héroïne de l'accouchement, le Sultan va râler.

A 17h30 une sage femme aux cheveux roses assortis à ses docs martens, envoyée en renfort, m’examine enfin.
En fait, le travail est en très bon chemin(1) j’en profite pour placer à nouveau ma phrase clef : « mes examens péridurale ne sont plus valables et j’aimerais qu’on les refasse » .(et que ça saute berdol)
J'ai gagné le droit à être installée en salle de travail (le purgatoire, entre la salle d'examen et la salle d'accouchement), vêtue de la si seyante chemise de nuit "cul nu" ; on prend quelques photos hyper déconnantes avec le Sultan. Tout le monde me félicite de gérer si bien.

Vers 17h45, la douleur s'intensifie et je gère que dalle. (2)
Je supplie tout le monde pour la péridurale, je m’accroche à cheveux-roses quand elle passe nous dire qu’il faut encore patienter car mes examens ne sont pas revenus, et qu’aucune salle d’accouchement n’est libre. le Sultan pâlit et court dans les couloirs pour chercher de l’aide. Et moi je hurle si fort que je pense qu’il n’y a guère que les sourds d’oreille au fin fond des montagnes qui ne m’entendent pas.
Je suis un peu désagréable avec le Sultan, je le crains ; démuni il ne cesse de me répéter "crie ma chérie, crie si ça te fait du bien" ; je trouve la force de rétorquer vertement que je hurle déjà comme un putois depuis une demi heure. Et merci de me passer le chamomilla 9 CH (les laboratoires Boiron ont sponsorisé ma fin de grossesse, mon accouchement et mon allaitement).

A 18h40, apitoyée par mes hululements, l’équipe libère vite fait une salle d’accouchement ; on m’amène un fauteuil roulant que je ne calcule même pas ( commencent à me faire kier avec leurs fauteuils roulants, je suis incapable de m’asseoir ). Je mobilise un dernier sursaut d’énergie pour faire le dos rond , il me semble que cheveux-roses et l’anesthésiste mettent trois plombes à préparer le matos, mais à 18h50 ça y est ON ME PIQUE. L’anesthésiste me prévient qu’il y en a pour deux heures, mais qu’après je peux remettre des doses moi même (dans ma tête , je retiens : « accouche avant 21 heures »).

19h10 : je kiffe l’anesthésiste ; l’anesthésiste est beau ; je veux épouser l’anesthésiste. Je peux à nouveau plaisanter avec le Sultan, qui a enfilé la blouse et les chaussons ; tout le monde lui conseille d’aller fumer une cigarette, l’équipe s’est inquiétée de le voir si pâle (ah ouaih et c'est qui qui accouche ici ?), mais il est resté ; on refait quelques photos hyper déconnantes. J’envoie des textos . Nous bénissons la science.

19h30 : (3) panique à bord : l’appareil de péridurale sonne très fort, il a l’air de déconner ; comme j'ai retrouvé ma personnalité normale, je commence à râler que tant qu’à faire, j’aimerais bénéficier de la péri plus d’une demi heure ; l’anesthésiste bricole le bidule. Moi tout ce que à quoi je pense c'est d'accoucher au plus vite avant que cet appareil de merde ne tombe définitivement en rade.
La sage femme qui va m'accoucher arrive ; elle me demande quels sont mes souhaits ; j’ai envie de dire :"faites en sorte que cette foutue péri continue à fonctionner " plus "une chambre individuelle orientée sud ouest, sushi et un petit vin blanc sec" mais je réussis à dire que je préférerais ne pas avoir d’épisiotomie (même si Knut a une grosse tête).

On attend , on bavarde avec le Sultan, la péridurale se fait de plus en plus légère ; j’envoie le Sultan demander si je pourrais accoucher s’il vous plait-merci (j’ai toujours en tête mon objectif de 21 heures et plus trop confiance en la péri)

20h40 : la sage femme revient et dit « bon on va le mettre au monde ce bébé ». j’essaie d’appliquer les conseils de la prépa, mais un moment j’ai l’impression que je n’y arriverai pas (4). Tout le monde m’encourage, y compris l’anesthésiste qui est resté là.

21h : en 6-7 poussées Aylin arrive ; on me la donne pour que je la pose sur mon ventre , le Sultan pleure, je pleure, elle est belle et toute rose. Tout va bien, un immense sentiment de plénitude m'envahit.


Depuis je suis carrément une légende internationale (en Turquie) ; en effet la césarienne de convenance est hyper pratiquée là bas, alors faire la moitié du travail à la maison, trop de la balle ; de fil en aiguille (au fait pas d'épisio et 4 petits points seulement, la calebasse y a que ça de vrai), je suis sûre que la légende se perpétue à présent aux environs du mont Ararat, genre que j'aurais accouché en surfant sur Internet et en m'envoyant un plat cuisiné Picard.
Le Sultan fait lui aussi l'admiration des ses amis turcs car il reste rare là bas que le mari assiste à l'accouchement.

(1)je suis dilatée à 5
(2)je suis à 7 et je commence à douiller SEVEREMENT ; je m’accroche à la potence en expirant à chaque contraction ; plus question de déconner et de faire des photos ; je commence même à crier de plus en plus fort ; au bout d’un moment impossible de rester sur le lit, je saute par terre à chaque contraction , je m’appuie à la table, je fais le dos rond et je hurle sur le mode « mamamamamman ,aidez moi s’il vous plait » ; détail glamour , je perds le bouchon muqueux et c’est au moment où je suis, je le crains, cul nu face à la porte, que le docteur Mamour (alias le sexy gynécologue de l’hôpital) vient voir comment se porte mon bébé. Entre deux contractions je suis agitée de tremblements, dans une sorte d’état second ; je comprends pourquoi on avoue facilement sous la torture.
(3)je suis à dilatation complète
(4)the fuckin' péridurable s'est fait la malle j'ai l'impression.

9 commentaires:

Anne-Laure a dit…

C'est le plus drôle récit d'accouchement que j'ai jamais lu! Merci pour ces 2 minutes de rire, et bravo à toi, qui a plutôt bien géré pour quelqu'un qui gère que dalle.

M a dit…

Idem qu'Anne-Laure ! J'adore savoir ce qu'il se passe dans ta tête =o) Ris-tu souvent toute seule de tes propres bêtises ? Je suis certaine que oui.
Très chouette accouchement quand même.
Ton sultan t'a-t-il apporté des sushis dans ta chambre le lendemain ? Me semble que tu le méritais !
Becs

Shupi a dit…

Très drôle, enfin un accouchement qui dédramatise la chose... Je me suis ouvert une bière avant de commencer à lire ton récit d'accouchement et ce fut un vrai bon moment en ce dimanche soir. Bravo! Et au fait, on n'a pas une ptite photo de bébé? A pluche!

madamecaille a dit…

Ah!!! les récits d'accouchements...C'est bizarre: y'a une constante: il faut supplier le personnel médical et dire qu' on a vraiment mal, mal!!!Les mecs je saisis qu'ils ne comprennent pas l'étendue de la souffrance: ils n'ont jamais accouché mais les sages-femmes, elles, elles ont forcément accouché ou si ce n'est pas fait, elles ont toutes les chances d'y passer un jour!!!
Bravo pour ce récit tordant!
BIZZZ

Les Pitous a dit…

héhéhé

Bienvenue, Aylin!

laluciole a dit…

@anne laure et m : pour des raisons techniques, mon post non achevé est parti tout seul ( oh j'ai envie de faire une blague grasse, mais non), te sur un brouillon que vous avez commenté.
M'enfin peu importe.
J'ai bien ri moi aussi à mon accouchement (sauf l'heure horrible où j'ai pas ri du tout) ; le Sultan m'amenait de la nourriture supplémentaire, les portions de l'hôpital étant ridiculement peu abondantes.
@shupi : priomis je mets des photos bientôt !
@madamecaille : je pardonne au pesonnel médical (parce que je n'ai souffert qu'une heure )

merci les Pitous !

Anne-Laure a dit…

Effectivement j'avais zappé la partie sur la calebasse!
C'est honteux ces hôpitaux où ils ne servent rien à manger, j'espère quand même que tu as échappé à la purée de céleri...

Dr. CaSo a dit…

Bravo et félicitations :)

cecilou71 a dit…

Félicitations pour le bébé et les parents... Merci pour le rire et les souvenirs que ça me rappelle (j'ai deux garçons, un né avec péri, l'autre sans, dur dur...